De l’écriture à la réalisation, l’intelligence artificielle s’impose aujourd’hui comme un nouvel outil dans l’industrie du cinéma. Entre fascination technologique et inquiétudes du point de vue éthique, le 7e art entre dans une zone hybride… à l’image du monde qui l’entoure.

L’IA s’invite dans le processus créatif
En quelques années, les intelligences artificielles génératives comme ChatGPT, Runway ou Midjourney ont trouvé leur place dans les coulisses du cinéma. Elles assistent les scénaristes, proposent des images, créent des musiques et montent des séquences complètes. Des films comme The Frost ou Salt ont été conçus en grande partie grâce à ces outils. L’IA devient une alliée pour certains créateurs, en particulier les indépendants, qui y voient un moyen d’innover sans avoir recours à de gros budgets.
Le 11 et 12 avril 2025 se déroulait le World Artificial Intelligence Film Festival (WAIFF) à Nice. Son objectif : mettre en lumière les œuvres créées avec ou sur l’IA, tout en ouvrant le débat sur les enjeux éthiques et artistiques. Au programme il y a eu des courts-métrages générés par IA, panels sur la propriété intellectuelle, et des réflexions sur la co-création entre humain et machine.
Des outils puissants… mais inquiétants
Le développement de l’IA ne fait pas l’unanimité. La grève des scénaristes d’Hollywood en 2023 (WGA Strike) a soulevé de fortes inquiétudes sur l’usage des IA dans l’écriture. De plus, des technologies comme le deepfake, utilisées pour rajeunir Harrison Ford dans Indiana Jones and the Dial of Destiny, interrogent sur les limites du consentement numérique et de la manipulation d’image.
Vers un cinéma hybride
Loin d’opposer frontalement l’humain et la machine, de nombreux artistes tel que James Cameron défendent une vision complémentaire : l’IA comme outil, pas comme substitut. Le réalisateur d’Avatar et Titanic a rejoint le conseil d’administration de Stability AI, l’entreprise derrière Stable Diffusion, pour explorer comment l’IA peut accélérer les processus de post-production tout en préservant l’emploi des artistes. Cependant, il insiste sur le fait que l’IA ne devrait pas être utilisée pour écrire des scénarios, estimant que cela pourrait nuire à la qualité narrative. Le WAIF Festival incarne cette volonté d’explorer sans effacer le travail de l’homme. Le cinéma de demain sera peut-être écrit à deux mains : celle de l’artiste… et celle de l’algorithme.