« No Other Land » : la réalité palestinienne à l’écran

C’est lors de la 97ème cérémonie des Oscars qui ont eu lieu le 2 mars 2025, que No Other Land  a reçu l’Oscar du meilleur long métrage documentaire marquant un moment historique pour le cinéma palestinien. Coréalisé par Hamdan Ballal, Basel Adra, Yuval Abraham et Rachel Szor, la production a été salué pour sa représentation poignante des tentatives de déplacement des Palestiniens de la région de Masafer Yatta en Cisjordanie par l’armée israélienne et les colons.

​ Un accueil critique

No Other Land a été largement acclamé pour sa narration immersive et sa capacité à mettre en lumière les réalités de l’occupation israélienne. Malgré des défis de distribution, notamment aux États-Unis dû à la position politique, le long métrage a réussi à attirer l’attention internationale et a été projeté dans divers festivals à travers le monde. Lors de sa première projection au Festival de Berlin en 2024, le documentaire a reçu une ovation debout et a remporté l’Ours d’or du meilleur documentaire, confirmant ainsi son impact auprès du public et des critiques. Ce succès a culminé avec sa victoire aux Oscars. De nombreux analystes du cinéma ont mis en avant son approche unique : le fait que l’un des réalisateurs, Yuval Abraham, soit un journaliste israélien travaillant aux côtés de Palestiniens a apporté une perspective percutante et a renforcé la crédibilité du documentaire.

« Ce film est la preuve que nos histoires ne peuvent pas être réduites au silence. La Palestine a une voix et elle sera entendue. » 

Basel Adra

Arrestation de Hamdan Ballal

Le 24 mars 2025, Hamdan Ballal a été agressé par des colons israéliens alors qu’il rompait le jeûne du Ramadan dans son village natal de Susya. Les colons l’ont attaqué en présence de sa famille, puis l’ont remis aux soldats israéliens qui l’ont détenu, les yeux bandés et les mains liées. Ballal a été libéré le lendemain après avoir été interrogé. Suite à l’arrestation de Ballal, l’Académie des Oscars a publié une déclaration condamnant les tentatives de nuire ou de supprimer les artistes, mais sans mentionner nommément Hamdan Ballal. Cette omission a été perçue comme une indifférence face à la violence subie par le réalisateur palestinien.

En réponse à la déclaration de l’Académie, près de 700 membres de l’industrie cinématographique ont signé une lettre ouverte critiquant le manque de soutien explicite envers Ballal. La lettre soulignait que « l’attaque contre Ballal n’est pas seulement une attaque contre un cinéaste, mais contre tous ceux qui osent témoigner et dire des vérités dérangeantes ».

Face à la pression croissante, l’Académie a présenté des excuses publiques le 29 mars 2025, reconnaissant leur erreur et exprimant leur soutien à Hamdan Ballal. Ils ont également condamné « la violence de ce type partout dans le monde » et réaffirmé leur engagement envers la liberté d’expression.

Mobilisation contre la censure

L’affaire entourant No Other Land et l’arrestation de Hamdan Ballal ont mis en lumière la répression politique que subissent les artistes palestiniens et le manque de soutien international face à ces injustices. La polémique a ravivé le débat sur la liberté d’expression et la nécessité de protéger les créateurs engagés. Par ailleurs, les problèmes de distribution, illustrent la difficulté des œuvres palestiniennes à accéder aux grands circuits internationaux. Cette controverse a néanmoins renforcé la mobilisation de la communauté artistique en faveur des réalisateurs palestiniens et de leur droit à témoigner.

« Raconter la vérité n’est pas un crime, et nous continuerons à le faire, quoi qu’il en coûte. »

Yuval Abraham

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