Sommet européen de mars 2025 : vers plus d’armes, moins de justice sociale ?

Les 20 et 21 mars derniers, les dirigeants de l’Union européenne se sont réunis à Bruxelles pour le Sommet européen de printemps. Les discussions ont principalement porté sur le soutien à l’Ukraine, la compétitivité économique et le renforcement des capacités de défense de l’Europe. En tant que jeune femme belge, attachée aux valeurs pacifistes et engagée pour les droits des femmes, ces orientations suscitent en moi des interrogations profondes.​

Soutien à l’Ukraine : une approche militarisée prédominante

Lors de ce sommet, 26 des 27 États membres ont réaffirmé leur soutien indéfectible à l’Ukraine face à l’agression russe. La Hongrie, par la voix de son Premier ministre Viktor Orbán, s’est toutefois abstenue de signer la déclaration commune, accentuant son isolement au sein de l’Union. Rien de surprenant, mais symboliquement fort.

Si la solidarité envers l’Ukraine est essentielle, il est préoccupant de constater que cette solidarité se traduit principalement par une augmentation des aides militaires. À ce jour, l’UE et ses États membres ont fourni 139,2 milliards d’euros à l’Ukraine, dont 49,3 milliards en soutien militaire.  Cette focalisation sur l’armement soulève des questions quant aux initiatives diplomatiques et aux efforts pour une résolution pacifique du conflit.​ Où sont les initiatives pour la paix ? Est-ce qu’on peut vraiment construire une Europe forte uniquement en achetant des armes ?

Compétitivité économique : quelles priorités pour l’Union ?

Les dirigeants européens ont également mis l’accent sur la nécessité de renforcer la compétitivité de l’Union. Les chefs d’État veulent une Europe plus agile, moins bureaucratique, plus attractive. Parmi les mesures proposées figurent la réduction de la bureaucratie de 25 % pour toutes les entreprises et de 35 % pour les PME, ainsi que la diminution des prix de l’énergie. ​

Cependant, ces discussions n’ont pas abordé les inégalités économiques entre les sexes ni la précarité croissante affectant de nombreuses femmes en Europe. L’absence de telles considérations dans les priorités économiques de l’Union est préoccupante et souligne le besoin d’une approche plus inclusive.​ Encore une fois, l’économie européenne se pense sans nous.

Vers une Europe davantage militarisée ?

Le sommet a également été marqué par des discussions sur le renforcement des capacités de défense de l’Europe. Les dirigeants ont appelé à une accélération des efforts pour renforcer la préparation de la défense européenne au cours des cinq prochaines années. Les conclusions sont claires : plus de dépenses militaires, plus de production d’armes, plus de coordination avec l’OTAN. On parle même d’industrie européenne de la défense comme d’un moteur d’innovation.

Cette orientation vers une Europe plus militarisée interpelle. L’Union européenne, historiquement perçue comme un projet de paix et de coopération, semble désormais privilégier une approche axée sur la défense et l’armement. Cette évolution risque de détourner l’attention et les ressources des enjeux sociaux et humanitaires cruciaux, tels que l’éducation, la santé et les droits des femmes.​

Conclusion : quelle Europe pour demain ?

Ce sommet européen soulève des questions fondamentales sur l’avenir de l’Union et ses priorités. En tant que jeunes femmes engagées, il est essentiel de s’interroger sur la direction que prend l’Europe et sur la place accordée aux valeurs de paix, de justice sociale et d’égalité des sexes. Il est impératif de continuer à plaider pour une Europe qui place les droits humains et l’inclusion au cœur de ses préoccupations.​

Ce sommet m’a laissée avec une vraie question : à qui parle-t-on, quand on parle de l’Europe ? Certainement pas à nous, les jeunes, hommes ou femmes, engagées et pacifistes.Parce que oui, l’Europe, c’est aussi nous. Et c’est à nous de lui donner un autre visage.

Par Dina Rouani

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