Elles surgissent sur les places publiques, torses nus, slogans peints sur la peau, poings levés : impossible de les ignorer. Depuis leur apparition dans les années 2000, les Femen ont bousculé le militantisme traditionnel avec un style radical et un mot d’ordre : « Mon corps, mon arme ».

Naissance d’une colère
Tout commence en 2008, en Ukraine. À l’époque, ce sont quelques étudiantes qui décident de dénoncer la corruption, le tourisme sexuel et la domination patriarcale dans leur pays.
Elles organisent des actions symboliques, au début encore habillées. Puis très vite, elles comprennent que pour frapper les esprits, il faut faire plus fort.
C’est là que naît leur « marque de fabrique » : l’action seins nus.
Le message est clair : reprendre possession de leurs corps, briser les stéréotypes, et rendre leurs revendications visibles, impossibles à ignorer.
Des actions chocs, une stratégie assumée
Pas question de demander poliment. Les Femen optent pour la provocation pure. Envahir une église pour dénoncer l’homophobie, interrompre une conférence pour pointer les violences sexuelles, manifester devant des ambassades contre les dictatures…
Chaque action est millimétrée : slogans courts, images fortes, diffusion immédiate sur les réseaux sociaux.
Critiquées ? Oui, souvent. Soutenues ? Aussi.
Car leur style dérange autant qu’il fascine : certains les accusent d’exhibitionnisme gratuit, d’autres saluent leur courage dans un monde où les corps féminins sont toujours instrumentalisés… mais rarement utilisés comme outil de combat.
Une lutte qui franchit les frontières
Rapidement, le mouvement dépasse les frontières de l’Ukraine. En 2012, certaines militantes, menacées chez elles, s’exilent en France.
Femen devient alors un mouvement international, avec des branches actives un peu partout en Europe et quelques actions ponctuelles ailleurs dans le monde.
Leur cible ? Le patriarcat, sous toutes ses formes : religions conservatrices, dictateurs autoritaires, industrie du sexe, institutions complices.
Leur méthode ? Toujours la même : choquer pour réveiller.
Une image qui divise
Avec le temps, les critiques s’accumulent : manque de représentativité, provocations jugées parfois contre-productives, absence de dialogue avec d’autres formes de féminisme plus inclusives.
Certains leur reprochent aussi un style trop « occidental », mal adapté aux combats féministes dans d’autres cultures.
Mais quoi qu’on en pense, les Femen auront marqué l’histoire des luttes féministes modernes : par leur audace, leur radicalité, et leur capacité à s’imposer dans l’espace médiatique.