Réparer, revaloriser, représenter : la mode prend la parole

Ce vendredi 18 avril, a eu lieu la Fashion Week du collectif BTF, qui s’impose peu à peu comme un rendez-vous incontournable pour les jeunes créateurs belges. L’objectif ? Offrir de la visibilité à celles et ceux qu’on voit trop peu dans les grands circuits de la mode.
Lors de cette édition, nous avons rencontré Sha, 23 ans, étudiante en stylisme et modélisme, venue présenter une collection à la fois engagée, inclusive et profondément symbolique.

Focus sur une tenue patchwork réalisée à partir de vêtements de seconde main. Photo : S. Karawa

“Depuis petite, c’est inné. Dû à mes origines… les Congolais, en général, on aime beaucoup la mode. 

Ce goût pour le vêtement s’est naturellement transformé en vocation. Lors de cette Fashion Week, Sha présentait une collection conçue avec Kinani, son binôme et meilleur ami. Pour la marque de ce dernier « Crimson K ».

Ensemble, ils ont fait le choix du jean, un tissu chargé de sens.

“On a choisi le jean car c’est un tissu qui, dans la communauté afro, a beaucoup de connotations. À l’époque des travailleurs afro-américains, ils utilisaient du jean, c’était une tenue de travail. C’était vu comme honteux, mais aujourd’hui on se le réapproprie pour que ce soit à la mode.”

“Pour nous, c’était évident de prendre ce tissu. Il représente la lutte, la résilience… c’est un tissu qui a toute une histoire.”

Au-delà du textile, la collection se veut aussi inclusive et représentative.

“On a mis des modèles noirs à l’honneur, c’est important de représenter les personnes qui ne sont pas toujours mises en avant. Il y avait des modèles de toute corpulence, on ne veut pas se conformer aux standards qu’on attend de la mode.”

“On crée pour tout le monde, nos créations sont inclusives.”

Côté fabrication, Sha insiste : aucun tissu n’a été acheté.

“La mode pollue beaucoup. Tous les vêtements qu’on a utilisés sont à nous, à nos familles, ou viennent de friperies. On a fait des patchworks à la main. Sur les vêtements, ce sont des découpes de plusieurs jeans. Donc c’est une collection 100% responsable.”

Présenter ce travail devant un public est une étape importante dans son parcours.

“C’est de la fierté, un sentiment d’accomplissement. Et ce qui est beau, c’est qu’on l’a fait à deux, entre meilleurs amis.”

Et sa mode, elle s’adresse à qui ?

“À ceux qui n’ont pas peur de choquer. Les jeunes en général.”

Le message est clair.

“Il ne faut pas avoir peur et il faut savoir s’exprimer. S’habiller, c’est une partie de ma personnalité. Sans parler, on capte qui je suis. On peut défendre une cause de manière indirecte, militer d’une certaine façon.”

Inspirée par les années 90, Hélène et les garçons, la mode française old school ou encore les créateurs belges comme Ann Demeulemeester ou Margiela, Sha prône une vision inclusive de la mode. « Je ne vois aucun mal à ce qu’un homme porte une jupe ou une femme un pantalon. La mode, c’est pour tout le monde ».

Et pour la suite ?

“J’aimerais toujours être dans la mode, mais ça risque d’être compliqué. La Belgique est un petit pays, faudrait s’exporter. Mais nous les artistes, on prévoit pas trop notre avenir. On va là où le vent nous amène.”

Pour découvrir son univers : TikTok & Instagram – @23xsha

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